Hémophilie chez les femmes : découvrez pourquoi elles sont aussi concernées !

par adm
Un diagnostic loin d'être optimal.

La Journée mondiale de l’hémophilie sert de rappel que cette pathologie hémorragique constitutionnelle, la plus courante, peut également affecter les femmes. Cependant, la plupart d’entre elles ne bénéficient ni de dépistage, ni de prise en charge adaptée.

L’hémophilie est une affection hémorragique héréditaire, transmise de manière récessive liée au chromosome X. Dans 30 % des cas, elle résulte d’une néomutation.

Il est important de noter que le diagnostic chez les femmes ne peut être écarté : bien que deux tiers soient des porteuses asymptomatiques avec un niveau normal de facteur VIII ou IX, un tiers d’entre elles souffrent d’un déficit modéré en facteur VIII ou IX, nécessitant un dépistage pour une prise en charge adéquate.

Distinction entre les deux formes d’hémophilie

L’hémophilie se divise en deux types, selon le facteur de coagulation déficient. L’hémophilie A est caractérisée par un taux de facteur VIII inférieur à 40 %, tandis que l’hémophilie B concerne un taux de facteur IX également inférieur à 40 %. Pour rappel, dans le processus de coagulation, le facteur VIII collabore avec le facteur IX pour activer le facteur X, produisant de la thrombine, enzyme clé de la coagulation, qui transforme le fibrinogène en fibrine formant le caillot.

Données épidémiologiques

À l’échelle mondiale, le diagnostic de l’hémophilie chez les hommes est loin d’être satisfaisant : avec une incidence estimée à 1 cas pour 10 000 personnes, environ 850 000 hommes seraient affectés dans le monde, mais seulement 250 000 ont été diagnostiqués.

La situation est encore plus critique chez les femmes. On estime qu’il y a entre trois et cinq femmes affectées pour chaque homme hémophile dans leur famille (mère, tantes, sœurs, filles), dont au moins deux souffriraient d’un syndrome hémorragique mineur.

En France, où plus de 7 000 hommes sont reconnus hémophiles, environ 14 000 femmes seraient concernées, mais seulement 500 sont actuellement identifiées.

Les études indiquent que le retard de diagnostic est en moyenne de dix ans plus long chez les femmes que chez les hommes, résultant en une prise en charge souvent inadaptée, notamment lors de chirurgies ou d’accouchements, ainsi qu’une augmentation des cas de menstruations abondantes, qui peuvent causer une absence accrue à l’école ou au travail et nuire à la qualité de vie.

À cette disparité d’accès au diagnostic et aux soins s’ajoute une inégalité face aux traitements innovants, les femmes ayant été exclues des essais thérapeutiques et n’étant donc pas incluses dans les autorisations de mise sur le marché.

Quand envisager un dépistage et quel bilan réaliser?

En cas de présence d’un cas index dans la famille, il est crucial de procéder au dépistage des filles dès l’enfance et non à l’âge adulte lors de la première grossesse. Le dosage en première intention des facteurs VIII (pour l’hémophilie A) et IX (pour l’hémophilie B) détermine le risque hémorragique, tandis que l’analyse génétique permet de savoir si l’enfant est porteuse.

En absence de cas index, il est nécessaire de rechercher un trouble de l’hémostase en présence de :

  • saignements articulaires, cutanés profonds ou intramusculaires ;
  • complications hémorragiques lors d’opérations chirurgicales ou après une extraction dentaire ;
  • menstruations particulièrement abondantes, qui peuvent ne pas être perçues comme telles par les jeunes filles, d’où l’importance de l’interrogation détaillée sur le nombre de protections utilisées, par exemple.

Le bilan de première intention repose sur la numération formule sanguine (NFS), les plaquettes, le temps de céphaline activé (TCA), le taux de prothrombine (TP) et de fibrinogène.

La prise en charge dans un centre spécialisé

Toute personne suspectée d’hémophilie doit être orientée vers un centre spécialisé. Ce dernier est chargé de confirmer le diagnostic, instaurer le traitement et assurer un suivi multidisciplinaire du patient ou de la patiente.

Outre les traitements non spécifiques, comme l’acide tranexamique et les hémostatiques locaux, les traitements spécifiques disponibles pour les patients hémophiles sont principalement utilisés en prévention du risque hémorragique avant un acte invasif ou en prophylaxie lors d’épisodes hémorragiques spontanés, améliorant ainsi la qualité de vie et le pronostic fonctionnel, voire vital.

Ces dernières années, des avancées thérapeutiques significatives ont été observées, avec l’apparition de nouveaux traitements plus efficaces et simplifiant la gestion de la maladie : molécules recombinantes à demi-vie prolongée, anticorps monoclonaux qui imitent l’activité du facteur VIII, régulateurs modifiant l’équilibre de l’hémostase, thérapie génique, et bientôt, la technologie des ciseaux moléculaires et la thérapie cellulaire, ainsi qu’un médicament par voie orale.

Basé sur un entretien avec le Pr Yesim Dargaud, coordinatrice du centre de référence nationale de l’hémophilie et autres déficits en protéines de la coagulation (CRH), CHU, Lyon.

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