Pénurie alarmante de médicaments psychiatriques : focus sur quétiapine, lithium et plus

par adm
En France, la quétiapine est prescrite à environ 250 000 patients.

Face à une situation de crise dans le secteur des médicaments psychiatriques, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a récemment signalé une amélioration partielle de l’approvisionnement en quétiapine et prévoit un retour à la normale pour le TERALITHE en juin. Toutefois, des difficultés subsistent pour l’approvisionnement de la sertraline et de la venlafaxine.

Face à des alertes répétées par des groupes professionnels de santé, regroupant une trentaine d’organisations (syndicats, académies – cf. Encadré 1), concernant les pénuries de médicaments psychiatriques [1], l’ANSM a fait le point sur quatre médicaments cruciaux : quétiapine (XEROQUEL et génériques), sels de lithium (TERALITHE), sertraline (ZOLOFT et génériques) et venlafaxine (EFFEXOR et génériques) [2].

Encadré 1 – Quatorze médicaments de psychiatrie confrontés à une pénurie [1]

Le 23 avril 2025, divers groupes de professionnels de santé ont publié un communiqué pour interpeller les autorités sanitaires et les acteurs de l’industrie sur les pénuries notables dans le domaine de la psychiatrie. Ils ont relevé 14 cas de tensions d’approvisionnement et de ruptures de stock depuis le début de l’année, avec de lourdes répercussions pour les patients.

Ils réclament :

  • plus de transparence concernant les stocks et les approvisionnements en médicaments : la création d’un outil pour suivre les stocks disponibles chez les fabricants, les distributeurs et les pharmacies ;
  • des mesures efficaces pour assurer un approvisionnement continu et régulier des médicaments essentiels : mise en place de dispositifs incitatifs pour les laboratoires et des règles facilitant la gestion des stocks en pénurie ;
  • un soutien accru pour les professionnels et les patients face à ces pénuries, en impliquant dès que possible les sociétés savantes pour trouver des alternatives et soutenir la recherche de solutions.

Quétiapine : une reprise progressive mais confirmée

La pénurie de quétiapine, qui avait débuté à l’été 2024 suite à un arrêt partiel de l’usine Pharmathen International en Grèce à cause d’un problème de qualité, commence à s’améliorer. Ce site est responsable de la production de 60% de la quétiapine distribuée en France.

Après de nombreux mois de difficultés, la disponibilité des formes à libération prolongée de quétiapine s’améliore lentement. « L’utilisation des préparations magistrales à libération immédiate a diminué de plus de 40 % ces dernières semaines, probablement en raison du retour progressif des formes à libération prolongée dans les pharmacies », indique l’ANSM.

L’amélioration de la situation est due à :

  • une augmentation des livraisons par cinq laboratoires qui ne dépendent pas de l’usine Pharmathen International. « Ces quatre dernières semaines, ces laboratoires ont assuré plus de trois quarts des approvisionnements », ajoute l’ANSM, qui prévoit également « une amélioration des stocks chez les grossistes-répartiteurs, qui devrait être visible en pharmacie dans les jours à venir ». En outre, des lots déjà importés seront distribués très prochainement ;
  • la reprise de l’activité de Pharmathen International, bien que progressive, permet déjà des approvisionnements concentrés sur le dosage de 50 mg.

En France, environ 250 000 patients sont traités avec la quétiapine.

TERALITHE : des livraisons attendues pour mai

Concernant les spécialités de sels de lithium TERALITHE 250 mg comprimé sécable et TERALITHE LP 400 mg comprimé sécable à libération prolongée, l’approvisionnement reste très restreint (cf. notre article du 13 mars 2025).

Selon l’ANSM, le laboratoire Delbert annonce des livraisons pour mai, avec un retour à une situation normale prévu pour juin 2025.

En attendant, l’ANSM explore « toutes les options permettant aux patients de continuer leur traitement ».

Sertraline et venlafaxine : en quête de solutions

Les tensions sur les stocks de sertraline et de venlafaxine demeurent importantes :

  • pour la sertraline, les dosages 25 mg et 50 mg sont les plus affectés (cf. notre article du 3 avril 2025) ; toutes les références sont touchées ;
  • pour la venlafaxine, les tensions concernent les dosages 37,5 mg et 75 mg LP ; toutes les références sont également touchées (cf. notre article du 20 mars 2025).

L’ANSM continue de chercher des solutions pour réduire l’impact de ces perturbations sur les patients :

  • des discussions avec les fabricants pour identifier d’autres stratégies de gestion en complément des mesures existantes de contingentement et de limitation des nouvelles prescriptions (cf. Encadré 2) ;
  • des échanges avec les prescripteurs pour trouver des alternatives aux médicaments en rupture de stock.

Encadré 2 – Instructions aux prescripteurs face à la tension en sertraline[2, 3]

  • limiter les nouvelles prescriptions de sertraline, quelles que soient les indications, sauf dans les cas suivants :

    • prise en charge des femmes en période périnatale : la sertraline est bien évaluée pendant la grossesse et dispose de plus de données pendant l’allaitement par rapport à d’autres inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) (Centre de référence sur les agents tératogènes [CRAT]),
    • traitement des TOC chez l’enfant et l’adolescent.

  • privilégier une autre molécule de la classe des ISRS : citalopram, escitalopram, fluoxétine, fluvoxamine, paroxétine (cf. Recos VIDAL). Il est à noter que seule la fluoxétine est autorisée pour le traitement de la dépression chez les enfants de 8 ans et plus, et chez les adolescents.

 

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