Il y a dix ans, la France comptait 12 millions de fumeurs quotidiens âgés de 18 à 75 ans. Aujourd’hui, ce nombre a chuté à 8,4 millions, révèle le baromètre 2024 de Santé publique France, publié récemment. Une nouvelle encourageante, qui témoigne de l’efficacité des politiques publiques de prévention instaurées ces dernières années. Toutefois, malgré ces avancées significatives, les inégalités sociales et territoriales en matière de consommation de tabac persistent, mettant en lumière les défis continus auxquels le pays doit faire face.
Sommaire
Une enquête approfondie pour des résultats éloquents
L’enquête de Santé publique France pour l’année 2024 a sollicité la participation de 80,000 personnes, parmi lesquelles 35,000 ont répondu, soit un taux de réponse de 56.6%. Ces données ont permis de mettre en évidence que 24% des personnes âgées de 18 à 79 ans fument du tabac, avec 17.4% qui le font de manière quotidienne. Ces chiffres montrent une baisse notable par rapport à trois ans auparavant, où les taux étaient respectivement de 32% et 25%.
Diminution marquée chez les jeunes et les femmes
Le baromètre souligne une réduction particulière du tabagisme quotidien chez les jeunes de 18 à 29 ans, tombant à 18.4% en 2024 contre 29% en 2021. Les femmes ont également montré une baisse significative de la consommation, avec un taux qui est passé de 22.5% en 2021 à 16.2% en 2024.
Les objectifs du Programme National de Lutte contre le Tabac
Ces résultats s’inscrivent dans la continuité des efforts déployés depuis 2016, malgré une interruption en 2020 due à la crise sanitaire. Le troisième Programme National de Lutte contre le Tabac (2023-2027) avait pour but de réduire la proportion de fumeurs quotidiens à moins de 22% d’ici 2025, et de passer sous la barre des 20% d’ici 2027. Les chiffres actuels indiquent que ces objectifs sont en bonne voie d’être atteints.
Une méthodologie renouvelée
Viet Nguyen-Thanh, responsable de l’unité Addictions chez SPF, a cependant invité à la prudence dans l’interprétation des données en raison d’une méthodologie revue pour l’enquête de 2024. Cette nouvelle approche incluait des réponses par téléphone et internet, et élargissait le panel aux 18-79 ans, tout en intégrant les départements d’outre-mer (hors Mayotte).
Persistance des inégalités sociales et territoriales
Caroline Semaille a souligné que, malgré les progrès, les inégalités demeurent préoccupantes. Les ouvriers fument deux fois plus que les cadres, et la prévalence du tabagisme est trois fois plus élevée chez ceux qui se trouvent dans une situation financière difficile.
– Ouvriers : 25.1%
– Cadres : 11.8%
– Situation financière difficile : 30%
– Situation financière aisée : 10%
De plus, le taux de tabagisme quotidien varie significativement entre les régions, avec des taux plus élevés dans le Grand Est, l’Occitanie et la Provence-Alpes-Côte d’Azur, comparativement à l’Île-de-France et l’Auvergne-Rhône-Alpes. Ces différences peuvent s’expliquer par des facteurs socio-économiques et culturels, ainsi que par la proximité de certains territoires avec des pays où le tabac est moins cher.
Prochaines étapes et initiatives à venir
Les résultats complets de l’enquête, incluant des analyses régionales détaillées et des données sur le vapotage chez les adultes, seront présentés en décembre lors d’un panorama global. Par ailleurs, la 10ème campagne « Mois sans tabac » démarrera fin octobre, avec un focus particulier sur la valorisation des parcours des ex-fumeurs pour inspirer davantage de personnes à arrêter.
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